BULLETIN INFO PÊCHE 48 : Le rapport sur les conditions du moment et les conseils du mois
Un début de saison en trompe l’œil
Du côté des rivières :
Les précipitations du mois d’avril ont été très inégales sur le territoire lozérien.
Les secteurs du Nord-Ouest ont été les plus arrosés. L’Aubrac et la Margeride occidentale connaissent toujours des niveaux satisfaisants sur le Bès, la Truyère et la Rimeize. Grâce aux débordements pluvieux en limite de massif, la Colagne et le Chapeauroux sont également en eau correcte.
La partie aval du Lot est bien alimentée par la Colagne et ses boraldes. Mais en remontant la vallée, les niveaux diminuent progressivement. Si sur la partie intermédiaire, les apports des affluents, tels que le Bramont et le ruisseau d’Allenc, donnent encore quelques illusions, à partir de Bagnols les Bains on s’aperçoit que les sources principales sont déjà en déficit notable.
Par effet de foehn et de hautes pressions, le Sud du département et toute la façade Est sont touchés par une sècheresse printanière déjà inquiétante. Le Tarn et ses affluents commencent à être déjà bien bas avec une petite exception pour la Mimente qui s’en sort un peu mieux. Côté Cévennes méditerranéennes la situation n’est pas meilleure. Les Gardons, l’Altier, le Luech et le Chassezac sont bien faibles. Mais c’est sur l’Allier que les plus grandes inquiétudes se portent. A l’entrée des Gorges sous Naussac le débit est inférieur à 2 m3/s, l’eau déjà à 16°C et les fonds recouverts d’algues.
Mais à l’heure où j’écris ses lignes, les services météorologiques annoncent quelques précipitations et un refroidissement de la température sur les dix prochains jours à venir. Et oui, c’est la semaine des Saints de Glaces ! Espérons que cela permettent de compenser toutes l’eau que demande l’explosion de la végétation et, déjà, des journées bien trop ensoleillées !
L’eau ayant atteint l’optimum thermique entre 10 et 15°C, l’activité de nos belles zébrées a décollé rapidement pour le plus grand bonheur des pêcheurs.
Les bancs de vairons, goujons et autres petits chevesnes sont bien présents et mettent en appétit les grosses truites piscivores. On commence également à bien distinguer de nombreux alevins de truitelles de l’année, signe que la reproduction a été correcte ! Petit Rappel, faisons attention aux alevins divers, il est d’ailleurs encore interdit de marcher dans l’Allier et le Chapeauroux jusqu’au 20 Mai pour préserver les frayères de l’Ombre Commun.
Le nombre de larves d’insectes aquatiques est impressionnants que ce soit pour les Ephémères mais aussi les Trichoptères et les Plécoptères sur la plupart des rivières. Mais il semble, que sur certains secteurs, la sècheresse et la canicule 2022 aient mis à mal certaines populations d’insectes. C’est notamment le cas sur le haut des Gorges du Tarn. A la faveur de journées à la météo souvent maussade, les éclosions peuvent être marquées et d’une grande diversité. Les jours de beau temps, il faut que le moucheur attende la fin de journée pour une activité de surface au coup du soir. Le calendrier des éclosions au fil des saisons est quelque peu bouleversé comme si toutes les espèces voulaient émerger et se reproduire au plus vite tant que les conditions sont encore favorables.
A la mouche sèche et noyée, il faut donc chercher le modèle du moment. Si les éphémères olives et les grises du mois d’avril continuent de prendre, elles sont progressivement remplacées par les grandes éphémères (Epéorus, Ecdyo, Danica, Rhytrogéna, …) mais aussi par les petites ignita (BWO). Néanmoins en montagnes, les éclosions étant décalées, les petits nemouridés et les bibio marci restent des proies de saison avant l’arrivée des éphémères et autre trichoptères.
Aux appâts naturels (petit vers, porte-bois, gratte et patraque) et en nymphes ou perdigones, l’activité subaquatique a été assez régulière avec de jolis résultats sur plusieurs secteurs et quelques beaux spécimens !
Pour la pêche aux leurres, une animation un peu plus saccadé permettra peut-être de tirer son épingle du jeu. S’il faut encore privilégier des leurres coulants pour les zones profondes et puissantes, avec la baisse des niveaux, les leurres « suspending » deviennent de plus en plus efficaces.
En rivière, quel que soit sa technique de prédilection, avec les eaux basses de plus en plus récurrentes, le pêcheur moderne doit s’adapter aux conditions d’étiage, privilégier la discrétion, affiner, alléger, allonger les montages, augmenter les distances de pêche et la précision des lancers pour réussir la dérive parfaite et tromper dame Fario. Oui la pêche à la truite « sauvage » devient de plus en plus exigeante et parfois quelque peu frustrante pour le débutant ou le pêcheur occasionnel. Il faut s’équiper d’un matériel de plus en plus spécifique, bien se documenter et s’entrainer régulièrement, si possible en bénéficiant des conseils éclairés d’un pêcheur confirmé (membre de la famille, ami, club, moniteur-guide). Les stages de pêche sont vraiment un plus pour apprendre et se perfectionner afin de progresser rapidement grâce à une pédagogie évolutive permettant de se faire encore plaisir avec quelques belles captures dans nos cours d’eau …
Du côté des lacs :
Comme les rivières, ils suivent la logique météorologique du mois précédent. Charpal, les lacs d’Aubrac (Salhiens, Born, Andéol et Soubeyrol), le Moulinet et Ganivet sont pleins. Naussac a quant à lui toujours un niveau bien bas et désespérant ! Villefort est partiellement plein.
La pêche aux brochets est désormais ouverte sur les lacs sauf sur Charpal dont l’ouverture est décalée à la fin du mois de mai en raison de la fraie tardive due à l’altitude. Globalement, évitons de faire du wading dans les herbiers, c’est là où sont déposé leurs œufs ! Rappelons également qu’il y a une fenêtre de capture pour le Brochet de 60 à 75 cm sur le Moulinet et les lacs d’Aubrac et que la pêche du sandre à Naussac reste fermée jusqu’au 10 juin. Les Sandres sont en période de fraie et ils sont extrêmement vulnérables car les mâles surveillent le nid, deviennent agressifs et se jettent sur tout ce qui bouge ! Éviter de pêcher en grattant les fonds de graviers et relâcher immédiatement toutes captures accidentelles avant de quitter la zone de frayères pour un autre spot.
Privilégiez des pêches lentes avec de fortes vibrations, grosses cuillères, chaterbait, spinnerbait ou des leurres souples avec de grande virgule ou de gros paddle, soit en coloris naturel ou le contraire le fameux « tiger fire ». Vous pouvez jouer avec plusieurs tailles en début de saison. Le brochet sort de la fraie. Il a besoin de se refaire une santé et est en appétit ! Certains portent encore les stigmates de la fraie. Vous pouvez utiliser des leurres de 5 cm à 40 cm, ce sera à vous de vous adapter à son envie du moment mais encore une fois attention aux petits modèles qui grattent le fond sur les frayères à sandre ! Il n’y a aucune gloire à capturer ces sandres « charbonniers » et vous mettez en péril l’avenir de la pêche sur le lac de Naussac. Soyons responsables et respectueux en adoptant une pratique adaptée durant les quelques semaines nécessaires à la reproduction de l’espèce.
Enfin, lorsque vous pêchez le brochet, n’hésitez pas à mettre des avançons en acier ou autres type kevlar ou flurocarbonne pour éviter de vous faire couper et ce avec un émerillon baril adapté qui vous évitera des décroches quand ils commencent à se retourner sur eux durant la fin de combat et la mise à l’épuisette !
Pour la Compagnie des Guides de Pêche de Lozère,
Antonio FERNANDES DE CAMPOS – www.ledoulou.fr
Bulletin édité dans le cadre de la Filière Pêche Lozère